Et si on se prenait pour Monet ?

Après son étude du courant impressionniste et des grands artistes qui ont marqué la période, Sann a eu envie de tester elle-même ces techniques pour créer sa propre peinture. J’ai acheté un peu de matériel : deux petites toiles, une boite de peinture à l’huile, du white spirit, deux pinceaux et une boite de pastels à l’huile.

Pour commencer, je lui ai proposé de s’approprier les techniques de dessin en reproduisant des tableaux qui l’inspiraient. Elle a commencé avec des pastels à l’huile pour se familiariser avec les couleurs, les mélanges, les textures. Ça me semblait plus simple de ne pas se lancer directement dans la peinture, et ça lui permettait de tester quelque chose de nouveau. J’ai acheté une marque milieu de gamme pour que la qualité soit bonne sans dépenser une fortune en matériel, au cas où ça ne lui plairait pas. J’ai aussi pris le parti de choisir une petite boite, avec seulement 12 couleurs, pour la pousser à expérimenter.

Je lui ai proposé une assiette de fruits, pour se faire la main, et ensuite elle a choisi un tableau de Cézanne dans un numéro de Olalar pour le reproduire. Je l’ai aidée avec les proportions, lui ai montré comment observer le modèle et mélanger les couleurs, et pendant plus de deux heures elle est restée concentrée sur sa tâche. Elle a adoré cette expérience !

Super fière du résultat, elle a décidé de recommencer le lendemain. Elle a hésité entre plusieurs tableaux : je lui avais proposé La Nuit Étoilée de Van Gogh mais elle a préféré reproduire La Rue Montorgueil au 14 juillet de Monet. Encore une fois, je l’ai guidée pour les proportions et lui ai montré comment observer les détails, les couleurs utilisées, et dans quel ordre placer les différents éléments du tableau.

À nouveau, elle était satisfaite du résultat obtenu et se sentait prête à passer à l’étape suivant : la peinture. Malheureusement, la météo ne se prête pas encore à de la peinture en extérieur, et comme elle voulait faire un paysage pour respecter les thèmes de prédilection des impressionnistes, elle a choisi une image qu’elle utilise régulièrement en fond d’écran.

À ce stade, elle était déjà à l’aise avec la composition et l’application des couleurs, mais elle m’a quand même demandé de la guider un peu. Je lui ai surtout indiqué comment se servir de la peinture à l’huile, comment la diluer et nettoyer son pinceau, et comment composer son tableau avec un format qui était un peu différent de l’image d’origine, qui est panoramique (j’ai coupé un peu les côtés sur la photo au dessus).

Vega avait envie de participer aussi, ça tombe bien j’avais prévu une petite toile en plus (dindonneau était à la sieste). Je lui ai confié de la peinture à l’eau et l’ai laissée ensuite complètement libre de sa création.

Sann a vraiment aimé la texture de la peinture à l’huile et cette expérience artistique. Quel que soit le niveau en dessin, je crois que c’est une activité qui peut plaire à tous les enfants parce que ce qui est valorisant, c’est de mener un projet à son terme. Je pense aussi que les petits détails sont importants : par exemple, dans ce cas précis, essayer d’utiliser les mêmes outils que les peintres. Une petite toile, ça met tout de suite dans l’ambiance, c’est réaliste et concret pour l’enfant, et ça le valorise. De la peinture à l’huile, ça permet d’avoir des couches qui ne sèchent pas en quelques minutes comme avec la gouache, et d’avoir une expérience authentique.

Tadaaa ! Une après-midi de peinture au calme, et deux petites filles ravies de leurs créations. Vega a elle aussi décidé de représenter un paysage et j’ai aimé découvrir sa composition. Elle m’a même dit que c’était un tableau impressionniste ! Et maintenant que Sann a testé l’huile, elle me réclame un petit couteau à peindre, car au Musée d’Orsay, elle a croisé un autoportrait de Cézanne peint grâce à cet outil. À suivre, alors !