Tu seras un Grand Homme, ma fille

Parfois, Sann aime faire des sorties “en amoureuses”, comme elle dit. Juste Maman, et pas de petits frère et sœur. Une sortie “de grande”, pendant laquelle on peut discuter, prendre notre temps. Mercredi après-midi, la veille de la rentrée, on était à peu près sûres de trouver un Paris calme dehors, alors on est sorties dans un de nos quartiers préférés, le 5ème et ses musées.

On a déambulé dans les ruelles, entre les universités et les petites librairies, et on a déjeuné chez Oatmeal Paris. Leur porridge aux légumes grillés est délicieux et leur burger est un des meilleurs que j’ai mangé.

Et puis ensuite, direction le Panthéon, ce monument devant lequel on est si souvent passées elle et moi, dans le bus, sans s’arrêter. “Un jour, je t’emmènerai le visiter”. Promesse tenue !

À peine arrivée au pied de l’imposante façade, ma petite biquette était déjà indignée : “Comment ça, aux grands hommes ?” On a acheté nos billets, attrapé des audio-guides et nous étions parties pour une grosse heure et demi de visite dans l’atmosphère fraîche et solennelle de ce lieu.

Au rez-de-chaussée, on peut admirer la beauté de l’architecture, les détails du plafond, les voûtes, coupoles, peintures, statues, maquette… Entre imagerie laïque et religieuse, on découvre un bâtiment qui était à l’origine, un lieu de culte, avant de devenir l’endroit de repos des grands personnages de l’histoire de France.

On a pu admirer le Pendule de Foucault installé dans la nef, et une exposition photographique des monuments aux morts du pays. Ça et là, en français ou bien en latin, des phrases fortes, symboliques telles que “Vivre libre ou mourir”, sont gravées dans la pierre des murs de ce lieu dont le nom signifie, en grec ancien, “(temple) de tous les dieux”.

Par un petit escalier, on accède au sous-sol, dans lequel se trouve une immense crypte. Aux trois-quarts vide, on peut s’y promener en silence, pour respecter le repos de ceux qui s’y trouvent. Plusieurs caveaux sont ouverts et on peut y entrer librement, d’autres ont leur porte ouverte mais barrée.

On y rencontre Voltaire, Soufflot, le couple Curie, Zola, Malraux… Des personnages politiques, des défenseurs de la liberté, des scientifiques, des écrivains. Entre ces murs remplis d’histoire, j’étais partagée entre admiration et hésitation. Après tout, pourquoi eux et pas d’autres ? En lisant l’histoire du monument, on réalise qu’ici, les défunts entrent et sortent parfois un peu comme dans un moulin. Il arrive que la famille s’oppose au transfert, aussi, ou bien la décision peut être prise mais l’inhumation tarde à se faire.

Et puis au détour d’un caveau, celui de Marie Curie, Sann m’a dit : “Il y a une place vide en face, c’est pour qui tu crois ?” et en souriant, je lui ai répondu “Eh bien, toi voyons ! Dans très longtemps, quand tu auras vécu 100 ans d’une vie passionnante et fait de super choses, tu seras une Grande Femme !”

“Chiche”, elle a dit. Et sur ces mots, on a sourit, on a terminé notre visite et puis on est parties… Profiter de la vie, rêver à l’avenir en regardant les paysages dignes d’un tableau impressionniste, à travers les grilles du Jardin du Luxembourg.