Jeu de rôle : l’apothicaire

Dans le livre Le Sanglier Blanc, l’héroïne voyage dans le temps et se retrouve à arpenter une ville du Moyen Âge. Pendant ses aventures, elle découvre la boutique d’un apothicaire, et ce passage est assez fascinant pour les enfants. En ré-utilisant des objets que j’avais déjà dénichés pour jouer à la magicienne, l’activité était assez facile à mettre en place. J’ai ajouté deux déguisements et un vieux rideau en guise de nappe pour l’ambiance, un peu de musique, et quelques vieux bouquins tout droit venus d’Emmaüs.

Les filles ont fabriqué des pommades, potions, poudres et sirops. Pour l’occasion, elle se sont appelées Fleur et Guenièvre. On a raconté comment ça se passait, à l’époque, parce que dans le Moyen Âge, il n’y a pas que les dates des Rois Mérovingiens qui sont importantes (ahem, qui s’en souvient ?).

Tandis que Guenièvre l’apothicaire préparait les remèdes, son assistante Fleur lisait les ordonnances, écrivait les recettes et faisait les comptes. On s’est éclairés à la bougie, on a imaginé les clients entrer et acheter des mélanges de plantes.

En Europe, à l’origine, les apothicaires étaient des marchands ambulants, comme pour d’autres professions à leurs débuts d’ailleurs (les imprimeurs par exemple). Souvent confondus avec leurs “collègues” les charlatans, on leur préférait les services des moines, qui ont été pendant longtemps les seuls apothicaires et dispensateurs de soins et remèdes. Lorsque l’Église n’a pas apprécié que certains se fassent rémunérer, elle a interdit aux moines de pratiquer en dehors du monastère.

C’est ainsi que le métier s’est installé au cœur des villes, et après une longue formation de 5 à 10 ans, les apothicaires pouvaient alors exercer dans des boutiques. Les clients y venaient avec une ordonnance du médecin, et si certaines préparations étaient simples, d’autres pouvaient demander plusieurs jours de fabrication et des techniques pointues comme la distillation.

On pouvait aussi venir chez l’apothicaire sans ordonnance, pour acheter une pommade ou un sirop commun, ou encore tout simplement y acheter des ingrédients : car dans la boutique, on vendait aussi des épices, des huiles, du vin… Si l’apothicaire était alors toujours épicier (pour compléter ses revenus), l’épicier n’était pas forcément apothicaire ! C’est également chez lui qu’on venait trouver des produits rares, comme le sucre, que l’apothicaire était le seul à vendre. Au fil des siècles, la profession s’est organisée en corporations, et des édits royaux sont venus réglementer la fabrication et la vente de remèdes.

Il faudra attendre le 18ème siècle pour que les apothicaires deviennent les pharmaciens, et obtiennent l’exclusivité de la préparation des médicaments face aux épiciers, aux médecins et aux chirurgiens. Aujourd’hui, les préparations magistrales ont cédé la place aux médicaments fabriqués industriellement par des laboratoires, que les pharmaciens revendent ensuite, avec quelques produits d’hygiène et de cosmétique.

Fleur et Guenièvre ont, quant à elles, décidé de garder jalousement leurs recettes mais si vous passez par leur apothicairerie, elles se feront un plaisir de vous préparer un potion infusée aux plantes rares ou un onguent parfumé… Et si vous voulez trouver d’autres idées de jeux de rôle pour les enfants, j’ai ajouté une nouvelle catégorie sur le blog : ils sont tous réunis ICI ! (merci au Papa des mouflets pour le travail sur la première image)