Je suis riche

Je suis l’une des plus grosses fortunes du monde. Je n’ai même plus assez de temps dans une journée pour dépenser tout ce que je gagne. Je suis riche, très riche.

Je suis riche de rires qui résonnent, de petites mains qui se tendent vers moi, de petits cous qui sentent bon.

Je possède une mine de “je t’aime maman”, des coffres pleins de bisous sincères. J’ai une grande fille qui trouve que je suis la plus jolie, une petite fille qui aime sentir l’odeur dans mon t-shirt, un petit garçon qui cesse de pleurer dès que je pose sa tête dans mon cou.

J’ai trois petits qui remplissent mon réservoir d’amour tous les jours, tout le temps, sans que je le demande, et même si je suis mal réveillée ou que je n’ai pas encore pris ma douche.

Sann me dit “merci maman pour ce bon diner”, Vega soulève son t-shirt en riant “maman guili-guili”, et Lex me lance ce regard qui veut dire “maman, fais que tout aille mieux” quand il a du chagrin et que je le prends dans mes bras.

Alors parfois, quand je trouve que maman qui s’occupe de ses enfants, ça ne gagne pas grand chose, j’y pense. Quand je réalise que je suis la cuisinière, la prof de français, de maths, de géo, la nounou, la lessiveuse, l’infirmière, la femme de ménage… Et que je pourrais me dire que ça ne me rapporte rien, j’y pense.

Je pense à toutes les richesses que j’amasse au fil des jours, à ces pépites d’or pur que je collectionne. Je me souviens combien je me sentais pauvre, quand je ne les avais pas encore. J’ai vu des premiers pas, des premiers sourires, des premiers mots lus sur un livre. Tous les trésors du monde, ils sont dans ma maison.

Je suis riche, et ma fortune est inestimable.