Avoir huit ans sans pouvoir sortir de chez soi, sans inviter ses amis, c’est dur. C’est ce que des milliers de petits humains auront connu, entre autres sacrifices, pendant ces semaines si hors du commun. Pourtant, on n’a eu aucun mal à relativiser : on a beaucoup de chance, on a le privilège de savoir que cette situation sera provisoire. Plus que jamais, on mesure notre bonheur d’avoir un toit, une jolie famille de cinq humains et trois félins. Des placards pleins, des jouets, de quoi dessiner, lire, dormir, manger.
On s’était promis de faire de sa journée une fête, même si ça fait bien… 26 ? 27 jours sans mettre le nez dehors ? On a ouvert les volets sur cette belle journée, et puis on a chanté. Posés sur la couette, deux petits paquets : une poupée et un baume à lèvres teinté. Ce qu’on a réussi à trouver, et en fait c’était parfait pour son petit cœur encore tout ensommeillé, heureux d’être juste entouré et aimé.
La biquette n’aime pas les gâteaux, mais la pizza, c’est une passion. J’ai improvisé une pâte maison, et comme la magie c’est surtout de souffler sur les bougies, le tour était joué vous voyez. On a accroché des guirlandes, ressorti une robe d’été des cartons et fait beaucoup, beaucoup de câlins et de bisous.
Et puis on a “skypé”. Avec son amie chérie, avec sa famille. Et moi j’étais là, prête à appuyer sur le bouton à souvenirs, le déclencheur de ma petite boite à images magique, pour garder tout ça à jamais. Avec les doigts croisés, je me dis qu’un jour, on regardera tout ça, et on se dira que c’est loin derrière nous, cette étrange parenthèse. Qu’on a eu de la chance, nous. Et puis qu’on était heureux, au chaud, et qu’on s’aimait.
Joyeux huit ans, petite crapulette.